Proverbes 24/10 : « Si tu te laisses abattre au jour de l’adversité, ta force est bien peu de chose » (Semeur).
Nous traversons une crise globale qui ébranle en profondeur nos styles de vie, nos certitudes et nos fonctionnements. C’est aussi une opportunité pour nous laisser purifier. De la même façon que l’épreuve purifie la foi comme l’or est éprouvé par le feu, nous croyons que l’ébranlement actuel est une formidable opportunité pour se laisser travailler, façonner par Dieu et laisser émerger ce qui est inébranlable, autrement dit, ce qui est aligné sur le Royaume de Dieu.
Plus que jamais, la vision du royaume de Dieu dont l’église est l’agent dans toutes les nations apparaît comme la réponse aux détresses actuelles. La vision du monde qu’elle procure (la foi dans la souveraineté de Dieu, l’espérance pour le monde, etc.) et l’engagement dans les oeuvres de toutes sortes destinées à incarner la grâce de Dieu dans des ministères spécialisés au sein de la société qu’elle suscite nous a préparés pour un temps comme celui-ci.
C’est pourquoi, au sein de la tempête, nous discernons les priorités suivantes, avec les stratégies correspondantes :
Constat : La situation actuelle révèle notre impréparation à vivre des temps difficiles ainsi que nos fausses sécurités à travers l’inconfort, la diminution des libertés de mouvement comme celle de nos rassemblements, le risque sanitaire et économique, etc.
La surprise, la crainte sous toutes ses formes, y compris à travers la perméabilité aux théories du complot ont déstabilisé plusieurs.
A travers cela, c’est notre vision de l’évangile et de la vie de disciple qui est remise en question. Une nouvelle dimension dans la dépendance de Dieu et dans la capacité de se fortifier spirituellement doit être atteinte.
Les deux axes fondamentaux suivants sont à travailler :
1) Encourager la dynamique spirituelle
L’ébranlement de ces derniers mois touche les fondements de notre relation avec Dieu en diffusant la crainte et l’anxiété sur tous les plans (sanitaire, économique, social, etc.).
Face à cette tyrannie de la peur que l’ennemi voudrait instaurer même parmi les croyants, il convient de renforcer la ferveur spirituelle et de favoriser tout ce qui peut contribuer au réveil spirituel.
2) Intégrer la dimension de la souffrance
Les premiers disciples ont été préparés et formés à affronter toutes les formes de souffrances, allant de l’opposition, de l’hostilité, qu’elle soit familiale ou sociale, jusqu’à la persécution qu’ils étaient invités à traverser avec joie ! La souffrance allait de pair avec la mission.
C’est le temps d’intégrer dans notre vision du monde et donc dans la formation de disciples les réalités bibliques incontournables de la souffrance comme de la persécution.
L’évangile ne peut plus être réduit à la perspective de l’épanouissement personnel, du bonheur et de la protection assurés. Nous devons centrer notre attention sur l’attachement au Seigneur, la foi dans sa souveraineté, l’accomplissement de la mission de l’église, la capacité à affronter l’injustice et à manifester la justice.
Cette dimension n’a rien à voir avec le culte de la souffrance, le misérabilisme, l’esprit de persécution. Au contraire, l’enseignement biblique, tout en intégrant la réalité de la souffrance invite à vivre et traverser l’épreuve dans la joie.
Stratégie :
Former aux fondamentaux spirituels :
• la Parole de Dieu (lecture, méditation, confession) en vue de l’obéissance
• la prière (louange, adoration, intercession, actions de grâces, parler en langues)
Former des disciples, en intégrant une juste notion de la souffrance : ni méritoire ni rédemptrice, sans fatalisme ni dolorisme, mais comme une réalité à laquelle nous devons être préparés.
Rom 8/18 : « les souffrances du temps présents ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui est préparée pour nous. »
Constat : L’avertissement du Seigneur appelant à « être prudents comme les serpents et simples comme les colombes » reste plus que jamais d’actualité. (Mat 10/16).
Cet avertissement doit nous préserver des raccourcis, des certitudes non fondées et nous encourager à éprouver/vérifier les informations comme les interprétations bibliques, sans naïveté ni aveuglement tout en acceptant l’incertitude.
Devant le foisonnement des interprétations des événements comme des théories du complot, il nous paraît important de rappeler les points suivants :
– L’esprit de la prophétie est le témoignage de Jésus. Toute vision, parole, inspiration prophétiques doivent impérativement :
– Nous devons veiller au discernement des temps dans lesquels nous sommes en suivant le modèle biblique de 2Thess 2 : 1 à 11 dans lequel Paul avertit d’une part de « ne pas se laisser promptement ébranler dans notre bon sens par une parole qui lui serait attribuée » tout en annonçant ce qui doit arriver : « il faut qu’auparavant… »
Pour Paul, l’ébranlement ne consiste pas à parler de la réalité incontournable de la manifestation de l’anti-christ mais de la confusion engendrée par des interprétations fallacieuses et les fausses doctrines.
Stratégie :
Rappeler les fondamentaux à propos de la fin des temps pour fixer notre attention sur l’essentiel et sur ce qui est bibliquement clair et relativiser les points secondaires dans l’attente de leur accomplissement, tout en donnant des critères pour discerner le vrai du faux.
En tant que chrétien, nous savons qu’il existe une réalité invisible et agissante derrière celle que l’on voit. La Bible nous parle de toutes sortes de complots dans l’histoire de la révélation.
Le complot des ténèbres est réel, nous ne l’ignorons pas.
Toutefois, cette vérité ne doit pas alimenter une culture de la suspicion, du dénigrement des autorités en place, des procès d’intention, ni déstabiliser notre foi en la souveraineté de Dieu et la victoire présente et finale de notre Seigneur Jésus-Christ.
Constat : La vie des églises et l’exercice du ministère ont été profondément modifiés au cours des derniers mois. Il estessentiel de rappeler que la raison d’être des ministères de gouvernement est de former les saints à l’oeuvre duministère. Cela concerne les ministères au service de l’église et les ministères au service de la société.
Service dans l’église :
La maturité de l’église passe par le perfectionnement de chaque membre en vue de l’autonomie d’une part et du service en fonction de l’appel de chacun d’autre part. Le service dans l’église ne peut être « monopolisé » par ceux (apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs et enseignants) dont la vocation est de former les autres membres. Ceci exclut toute forme de gouvernance pyramidale.
La situation actuelle révèle la pertinence de ce principe face à l’éventualité de l’impossibilité par exemple de se rassembler, ou de poursuivre nos vies d’église comme à l’accoutumée. Même si les technologies dont nous disposons permettent des rassemblements virtuels, il faut mettre le corps tout entier en mouvement par le développement des dons et des appels.
Par ailleurs, les incidences de la situation actuelle sur la vie financière des communautés doivent aussi être prises en compte, que ce soit pour les ministères salariés comme pour les ministères « itinérants » durement affectés par la crise.
Une réflexion de fond doit être engagée sur ce point.
La crise que nous traversons est une chance pour progresser dans une gouvernance alignée sur le modèle biblique.
Stratégie :
Le discernement des dons et des appels de chaque membre avec un accompagnement pour les exercer au sein de groupes relationnels de proximité doit être encouragé et pratiqué de manière intentionnelle.
Service dans la société :
Former les saints pour le ministère, c’est travailler aussi au développement des ministères au service de la société en vue d’une plus grande incarnation de l’évangile. Tous ne sont pas appelés à servir l’église. Le champ, c’est le monde.
La situation actuelle révèle les besoins urgents dans les domaines économique, social, psychologique, etc. Encourager et accompagner des professionnels chrétiens engagés dans des structures « du monde » ou dans des œuvres innovantes porteuses de la vision du Royaume de Dieu et comme lieux de service et d’incarnation de son amour doit faire partie de la prière et des objectifs des églises.
Il y a urgence…
Stratégie :
Il convient de décentrer l’attention de l’église d’elle-même pour s’ouvrir à la souffrance et au service de notre génération.
Aider au discernement et fortifier les appels dans la société, accompagner les projets de service, soutenir dans la prière les différents types d’engagement doit contribuer au rayonnement de l’église au sein de la société.
L’église rassemblée et l’église dispersée sont les deux dimensions de la même réalité, le corps de Christ en action.
Constat : Les temps actuels nous obligent à entrer dans une nouvelle dimension d’autorité spirituelle.
La multiplication des mouvements de prière depuis le premier confinement est le signe d’un réveil spirituel et d’une mobilisation redoublée indispensables aujourd’hui.
Nous croyons qu’il y a encore du chemin à parcourir pour accéder au niveau d’autorité spirituelle que l’église est appelée à exercer.
L’église du premier siècle pratiquait la prière apostolique. Il y a différentes formes de prière, toutes légitimes. Toutefois, la prière apostolique et prophétique, vécue dans l’unité et conduite par les ministères relève d’une autorité spirituelle de gouvernement de nature à changer le cours des événements selon le modèle d’Actes 4/29-31.
Stratégie :
Nous devons chercher, pratiquer, exercer et progresser dans la prière apostolique.
Les équipes locales, les équipes apostoliques appartenant à un même réseau comme l’ensemble des réseaux doivent se mobiliser pour vivre cette dimension et entraîner les églises locales dans cette dynamique.
Nous croyons à la nécessité de relever tous ces défis en secouant le joug de la crainte et en renonçant au repli sur soi ;
Nous croyons que c’est pour un temps comme celui-ci que le Saint-Esprit ranime la vision du Royaume de Dieu et fait lever des réseaux apostoliques, en vue de remplir le mandat qui est confié à l’église : Matthieu 28 : allez faites de toutes les nations des disciples… ».
Nous croyons que l’église est appelée à manifester la réalité du Royaume de Dieu de manière proactive en faveur de la vérité et de la justice.
Nous croyons que nous entrons dans une saison de croissance et de développement du Royaume de Dieu en France et en Francophonie.
Pour la seule Gloire de son Nom !
Ensemble. Jean-Marc Potenti au nom de l’équipe de travail : Pascal Bonnaz, Patrick Chambron, Xavier Dufour, Werner Lehmann, Michel Marvane, Jean Pillonel, Eddy Wallez, René Yoder.